3 questions à Lionel Bertounèche, expert IA et tourisme

Le tourisme est en pleine transformation digitale, et l’intelligence artificielle y joue un rôle de plus en plus central.
Pour nourrir ma thèse et partager des éclairages concrets, j’ai lancé cette rubrique « 3 questions à… » : une série d’interviews courtes avec des professionnels du tourisme et du digital, qui font bouger les lignes.
À travers ces échanges, je vous propose de découvrir des retours d’expérience, des conseils pratiques, des visions d’avenir – en toute simplicité.
Chaque interview suit le même format : 3 questions, des citations à retenir, et un regard d’expert sur les enjeux d’aujourd’hui (et de demain).
Bonne lecture !
Qui est Lionel Bertounèche ?
Professionnel du tourisme depuis plus de 25 ans, Lionel Bertounèche a notamment travaillé chez Atout France avant de rejoindre GenIAL en 2022. Il y accompagne aujourd’hui les entreprises dans l’intégration de l’IA générative, avec une spécialisation croissante dans les usages appliqués au secteur touristique.
GENIAL en bref
Basée à Bordeaux, Genial est une agence spécialisée dans l’intégration d’agents IA génératifs sur mesure.
Elle développe des outils conversationnels, assistants internes ou trip planners connectés aux meilleurs modèles du marché (OpenAI, Mistral, Claude, etc.), avec une logique métier forte : automatiser intelligemment, sans rajouter de surcouche, en valorisant les usages terrain.
L’agence intervient dans plusieurs secteurs, dont le tourisme, la banque, l’industrie ou encore le secteur public.
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1. Quel est le niveau de maturité des entreprises touristiques face à l’IA générative ?
« On observe deux grandes catégories : la sphère institutionnelle (offices de tourisme, CRT, Atout France…) qui se forme de plus en plus à ces outils, et les acteurs privés qui, eux, avancent dès lors qu’il y a un gain business à la clé. »
Côté institutionnel, l’acculturation est bien lancée, notamment grâce à des formations pratiques autour de ChatGPT, des ateliers et tables rondes, et une volonté de comprendre comment l’IA peut servir leurs missions. Ces formations permettent d’évacuer les peurs, de comprendre que l’IA n’est qu’un outil, et d’identifier les usages pertinents.
Côté privé, la dynamique est plus pragmatique : si l’outil génère du ROI, alors il n’y a pas d’hésitations. Sinon, l’entreprise passera à autre chose. Lionel explique que cette logique de petits pas et de tests concrets est clé dans l’adoption. « Montrer la valeur que peut avoir l’IA, c’est ce qui fera qu’elle pénétrera vraiment les entreprises. »
2. Quels sont les principaux freins à l’adoption de l’IA dans les TPE/PME du tourisme ?
« Il y en a trois : la maturité des données, la culture du changement, et la capacité à prouver rapidement la valeur ajoutée de l’outil. »
La donnée, véritable carburant de l’IA, est souvent le premier frein : mauvaise qualité, manque de structuration, ou méconnaissance des ressources disponibles.
Vient ensuite la culture du changement, car l’IA génère des transformations profondes, comparables à la révolution digitale d’il y a 25 ans. Elle bouleverse les habitudes, les outils, les process : il faut accompagner cette transition.
Enfin, le retour sur investissement (ROI) reste la clé : une fois que l’entreprise perçoit un gain (gain de temps, leads générés, chiffre d’affaires…), les freins tombent. D’où l’importance de commencer petit, avec des cas d’usage simples, mesurables et concrets.
3. Comment une petite structure touristique peut-elle commencer à utiliser l’IA ?
« Commencer par des petites victoires, dans les usages du quotidien. »
Lionel recommande de ne pas se lancer tout de suite dans de grands projets, mais de déployer des solutions simples et rapides à mettre en œuvre, qui génèrent un bénéfice immédiat. Par exemple :
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Générer un compte rendu de réunion à partir d’un audio ou de quelques notes
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Créer une fiche d’hôtel multilingue à partir d’une URL
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Mettre en place un chatbot conversationnel pour capter des leads (comme pour VVF et son calendrier de l’avent, qui a permis de récolter 2 500 contacts)
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Analyser les conversations clients pour mieux comprendre les besoins réels et affiner l’offre
« Aujourd’hui, un agent IA peut lire l’écran, synthétiser les informations d’un CRM, réécrire un contenu, tout cela sans rajouter de surcouche logicielle. »
Il insiste également sur les extensions Chrome ou les outils déjà intégrés aux logiciels du quotidien (Gmail, WhatsApp, CMS), qui permettent une adoption fluide et sans rupture.
En conclusion

L’échange avec Lionel Bertounèche illustre clairement que l’intérêt pour l’intelligence artificielle dans le tourisme repose avant tout sur sa capacité à générer de la valeur concrète. Plus qu’un sujet technologique, c’est une question de stratégie, d’organisation et de culture d’entreprise.
L’enjeu pour les structures touristiques, en particulier les plus petites, est désormais de passer de la curiosité à l’expérimentation, en identifiant des usages simples, utiles et mesurables, afin d’ancrer l’IA dans le quotidien sans rupture majeure.
Cette interview inaugure une série de rencontres avec des professionnels engagés dans la transformation digitale du tourisme. D’autres témoignages viendront nourrir cette réflexion, dans le cadre de ma thèse et au service d’un secteur en pleine mutation.